Test d'écriture - OtaQueen VS

Publié le par CasualOtaku

Bonjour à vous,

Au menu du jour, un petit écart par rapport au sujet initial de ce blog. Je vous propose aujourd'hui de vous plonger dans ma prose, en vous délectant d'un court récit fictionnel.

J'ai en effet participé au concours de fanfic de l'Epitanime, et bien que n'ayant pas gagné (l'histoire gagnante ici), je trouverais dommage de laisser cette histoire tomber dans les lymbes de l'oubli binaire.

Entre les deux thèmes proposés, j'ai choisi le suivant :
" Un flyers de la conv' a atterrit dans un endroit des plus étranges.
Et si cet endroit ne faisait pas parti de notre monde ? Et si certains habitants décidaient de se rendre à la convention ? Que se passerait-il ? "

Je n'ai pas vraiment respecté le sujet, n'ayant jamais été grand fan de fanfiction reprennant des personnages déjà connus (à part en doujin, j'ai jamais accroché). J'ai donc créé de toute pièce cette courte aventure, mèlant tranche de vie avec une pointe de fantastique, et mettant en scène la reine des otak', OtaQueen !

Bonne lecture !


OtaQueen VS

Par Casual-Otaku (mars 2009)

 

 

 

Thomas est un garçon plutôt pas mal. Il est gentil, et toujours prévenant envers moi. Je dois avouer que je pense souvent à lui… Je le trouve même assez mignon. Mais, aujourd’hui, sous ce soleil couchant de novembre, je ne peux définitivement pas accepter sa proposition.

 

« Tu sais, Candice, ça fait un petit moment que je ne peux m’empêcher de te regarder en classe… »

 

Ca, j’avais remarqué ! Ca fait plusieurs semaines que je le vois me fixer à longueur de journée.

 

« En fait, j’aimerais bien qu’on puisse passer la soirée ensemble… Je connais un nouveau bar qui est très sympa, c’est un concept nouveau, et… »

 

Il s’arrêta net, et je réalisai alors la moue exagérément exaspérée que j’affichais sur mon visage ! Ma réaction sembla le glacer, et je cru un instant que des larmes allaient perler au coin de ses yeux. Décontenancé, il tourna le dos et soupira :

 

« C’est bon, j’ai compris, te fatigue pas à me répondre…

 

— Non, attends, tentai-je de lui expliquer : ma grande sœur a accepté de garder les trois chiens et les deux chats d’une de ses collègues, et l’un d’eux souffre de problèmes digestifs. Si on ne le promène pas cinq fois par jour, ses gaz intoxiquent la maison ! Et c’est mon tour de le sortir le soir pour les trois prochains mois ! Donc désolée, je ne peux vraiment pas t’accompagner à ton bistro !

 

— Un bistro… non, mais, tu n’a pas compris ! Hé ! Mais attends ! »

 

Au fur et à mesure que j’allongeais mes pas, j’entendais s’éloigner les appels de Thomas. Je ne suis pas très grande, il me faut donc plus d’enjambées que l’individu moyen pour parcourir le chemin qui me ramène à la maison. Mais j’ai appris depuis longtemps comment optimiser au mieux mes capacités, si bien que je pourrais certainement rivaliser avec certains athlètes confirmés. En effet ; je ne dois perdre aucune seconde : mes cours se terminent à 17h00, et j’ai vingt minutes pour parcourir les trois kilomètres qui me conduisent vers mon anime préféré, Dragon Taisen !

Thomas a beau être le plus joli des garçons du lycée, son discours est tombé au mauvais moment. J’ai toujours refusé les relations amoureuses. C’est un trop grand investissement de temps. Et j’ai du en renvoyer chez leur mère, des prétendants transis ! Notez, je les comprends, on m’a toujours trouvée canon… Même les filles de ma classe rougissent quand je me change dans les vestiaires de sport ! Mais comment pourrais-je combiner un petit ami avec ma passion ? Impossible. Tant pis pour eux, quitte à le regretter comme cette fois-ci… J’ai une réputation à tenir, moi !

Vous connaissez OtaQueen ? La reine du virtuel, la princesse de la blogosphère anime et manga ? Celle qui sait tout sur tout avant tout le monde ? Et oui, c’est moi !

 

*

 

*          *

 

C’est à bout de souffle que j’arrivai à la maison.

« Je suis rentrée », criai-je tout en sautant dans mes chaussons. Karine, ma grande sœur, pointa le nez en dehors de la cuisine.

« Alors ? » me lança-t-elle, tout sourire. Depuis le décès de nos parents, c’est elle qui a repris les rênes du foyer. Ca a l’air de lui plaire, ce nouveau rôle ! En tout cas, elle le prend très au sérieux et est très attentive à mon frère et moi. Heureusement, ses 26 ans la rendent très proche de nos préoccupations et nous laissent beaucoup de libertés.

 

« Alors quoi ? », lui répondis-je.

 

« Il t’a parlé, non ? J’ai eu la sœur de Thomas au téléphone cet après-midi, il avait convenu de te déclarer sa flamme ce soir ! Ne me dis pas qu’il s’est dégonflé !? »

 

Je sentis mes joues devenir écarlates, si bien que bientôt tout mon visage bouillonnait.

 

« Ne rougit pas, c’est normal à ton âge ! » murmura Karine d’un air malicieux.

 

« Je ne rougis pas ! Je suis en colère ! hurlai-je de rage. Tu ne peux pas plutôt t’occuper de ta vie sentimentale ? Vraiment, j’ai horreur des coups montés derrière mon dos ! » Comme si ce n’était pas déjà assez frustrant d’avoir du refuser l’invitation d’un si beau garçon !

 

« Allez, calme-toi, soupira-t-elle. Ta dernière commande est arrivée à la Machine ! »

 

Ma sœur me connaissait bien. Elle savait que le moyen le plus rapide de me faire changer d’humeur était de me faire penser à ma passion. Je la quittai donc immédiatement et monta quatre à quatre vers ma chambre. J’allumai rapidement mon ordinateur, afin de ne pas louper la diffusion en streaming de mon épisode du soir. 17h25. Arg ! C’est déjà commencé. Enfin, c’est pas bien grave, j’ai déjà l’intégrale en DVD depuis 2 mois.

Oui, vous avez bien lu : sur mon étagère, trône le coffret DVD d’une série en cours de première diffusion. Haha ! ça vous en bouche un coin, non ? Comme je l’ai dit, je suis l’OtaQueen, j’ai tout à l’avance ! Et ça, c’est grâce à la Machine.

La Machine, c’est une imprimante matérialisatrice mise au point par mon père. Il était chercheur en informatique, mais c’est par un total hasard qu’il est arrivé à ce résultat. Un jour, en imprimant la confirmation de précommande de divers mangas, j’eu la surprise de voir apparaître un nuage étincelant. Quand celui-ci fut dispersé, je trouvai face à moi les bd qui m’attendaient comme par magie !

Vous comprenez bien que, pour une passionnée comme moi, c’est une aubaine ! Je n’ai plus à attendre qu’un manga soit publié : je l’ai déjà lu ! Un nouvel anime me plait ? Aucun soucis, j’en reçois l’intégrale dès le lendemain !

 

Etant férue d’informatique, je ne peux m’empêcher de tenir à jour un blog où je glisse ça et là quelques infos inédites sur les titres à venir. Vous comprenez maintenant d’où vient mon surnom d’OtaQueen ! La plupart des fans qui me suivent me croient dans l’intimité immédiate des mangakas… C’est vrai que ça me plairait beaucoup !

Cependant, je me fais doubler depuis quelques temps par un garçon qui semble avoir les mêmes informations que moi… Il a d’ailleurs le toupet de se faire appeler OtaKing ! Lui aussi est un grand fan de Dragon Taisen… Autant dire que la guerre gronde entre nous deux ! C’est à qui aura la dernière exclusivité, la dernière illustration inédite ! Je suppose que mon père ne fut pas le seul à découvrir les capacités de l’impression matérialisatrice… Mais ça n’empêche pas : il aurait pu être fan de comics ce type !

 

Tout en jetant un œil régulier à mon anime, j’entrepris d’ouvrir le colis arrivé : quelques tomes de manga, ainsi que la figurine à monter du mecha de l’anime en question. Héhé, rien que des nouveautés qui ne paraîtront que d’ici six mois au Japon ! Voilà de quoi m’assurer une longueur d’avance sur mon rival.

Je m’apprêtais à me lancer sur mon clavier pour rendre compte de mes acquisitions sur mon blog, quand un petit papier attira mon attention. Une illustration de Kojiro, le héros de Dragon Taisen et le mot Exclusivité me sautèrent aux yeux comme une illumination. Il s’agissait d’un flyer faisant la promotion d’une des plus grandes conventions françaises : l’Epitanime. J’y étais l’an dernier, et j’en ai gardé de très bons souvenirs ! Cette année, ce rendez-vous des otaku et des fans du Japon accueillait Jo Mikamura, le mangaka de ma série préférée ! Je ne peux exactement retranscrire ce qui me passa par l’esprit à ce moment-là. Entre joie éclatante et détermination rageuse, il ne me resta finalement qu’une seule idée : il me fallait le rencontrer ! Et obtenir une dédicace ! Avant OtaKing !

 

Oui, mais comment ?

 

 

*

 

*          *

 

 

Je n’ai pas dormi de la nuit, cherchant un moyen d’obtenir cette dédicace. Tous les scénarios possibles se mélangeaient : contacter quelqu’un du futur par Internet pour qu’il m’obtienne une dédicace, aller à l’Epitanime et donner le manga à mon site d’achat pour qu’il l’envoie à mon moi du passé, … Rien ne me semblait faisable sans révéler le secret. J’ai cogité sans relâche, et surtout sans fermer l’œil. Autant dire que la journée allait être difficile…

 

A mon arrivée au lycée, je filai immédiatement en classe. Hors de question de croiser Thomas ! Le pauvre, j’ai un peu de peine pour lui… J’étais la première à pénétrer dans le laboratoire de chimie. Une rose rouge était posée sur ma table.

 

« Y a pas à dire, il sait y faire avec les filles celui-là ! murmurai-je en souriant. Mais faudrait pas qu’il exagère non plus, si quelqu’un s’en aperçoit je vais en entendre parler toute l’année », ajoutai-je en glissant la fleur dans mon sac. Ce petit geste me toucha profondément, même si les sentiments que j’ai pour lui n’arrivent toujours pas à la hauteur de ceux que j’éprouve pour les manga.

 

Les autres élèves entrèrent dans la classe au compte-goutte, et j’ai pu me débrouiller pour éviter le regard de Thomas. Le cours commença. Notre prof était une vieille dame en fin de carrière. Vieux gilet, cheveux blancs poussiéreux, lunettes au verres fumés et verrue sur la joue. A la voir, on pouvait croire qu’elle aurait pu déjà prendre sa retraite depuis une vingtaine d’années ! Se tournant vers le tableau, elle récita tel un robot :

 

« Nous allons reprendre notre leçon sur les échanges gazeux. Silence dans le fond ! Comme nous l’avons dit la semaine dernière, si l’on transforme un élément A en … la résultante … gaz … hydrolyse … oxygène … CANDICE ! » hurla-t-elle d’un coup.

 

« Oui Madame ? » dis-je en me réveillant.

 

« Répétez moi ce que je viens de dire !

 

— Heu… Et bien…, balbutiai-je.

 

— Bon, je répète pour vous, mais c’est bien parce que c’est la première fois ! Je disais : si le transfert se fait dans un sens, on peut le faire en sens inverse ! »

 

Si le transfert se fait dans un sens, on peut le faire en sens inverse… Si le transfert se fait dans un sens, on peut le faire en sens inverse…

 

Ses mots résonnèrent dans ma tête comme une incantation. SI LE TRANSFERT SE FAIT DANS UN SENS, ON PEUT LE FAIRE EN SENS INVERSE !

 

« Mais oui ! » m’écriai-je à haute voix.

 

Sous les yeux médusés de mes camarades de classe, j’attrapai mon sac à dos et ma veste, et, d’un seul bond, je sautai au coup de la prof :

 

« Madame, je vous remercie infiniment », lui dis-je en l’embrassant.

 

C’était tellement évident que l’idée ne m’était pas venue à l’esprit : il me suffisait de me fondre avec le nuage étincelant précédent l’arrivée de mes commandes pour accéder à ce futur ! C’était sans risque : dans le pire des cas, je ne pourrai revenir à mon époque et j’aurai perdu six mois de ma vie. L’expérience valait bien ça !

 

Je quittais le lycée dans un état euphorique, sous les cris de Thomas, qui, depuis la fenêtre de la classe, ne semblait pas comprendre ce qui m’arrivait.

 

Mais attendez… J’ai embrassé la prof moi ! Beurk ! !

 

 

*

 

*          *

 

 

Une excitation craintive m’envahit quand je me décidai à cliquer sur le bouton d’envoi de ma commande. Dans quelques minutes, la machine s’allumera et matérialisera la commande de goods vendus exclusivement pour l’Epitanime. J’enfilais mon costume de Rinoka, la copine de Kojiro de Dragon Taisen. Je l’avais confectionné pour la convention de l’an dernier. Brrr, il fait vraiment pas chaud pour porter ce mini-short !

 

Quand l’imprimante se mis à vibrer, je sentis que je ne pouvais plus faire demi-tour. Je me plaçai face à elle et le nuage étincelant commença à m’entourer…

Tout ce mit à tourner dans la pièce, et ma vue se troubla. Si cette sensation fut dans un premier temps assez désagréable, elle changea progressivement en une chaleur douce qui m’envahit entièrement. Je flottais légèrement comme une plume… L’environnement de ma chambre se modifia alors : les murs s’évaporèrent, et des bruits familiers se firent entendre. Cette musique… Mais oui, c’était le générique de mon anime préféré !

 

J’ouvris les yeux : j’étais au cœur de l’Epita ! Ca avait fonctionné ! J’avais voyagé dans le temps ! Je n’en revenais pas !

 

Les animations battaient leur plein : un blind test sur des génériques japonais avait lieu dans la cour, alors que divers animé étaient projetés et que des otakus se défiaient sur les derniers jeux vidéo en date.

 

Le soleil brillait haut dans le ciel, j’avais bien fait de mettre mon cosplay léger ! Il fit d’ailleurs grande sensation : je me suis faite photographier au moins cinquante fois en l’espace de deux heures ! Comme par hasard, les quatre-vingt-dix pourcent des demandes venaient de garçons… J’en ai profité pour prendre des poses suggestives, comme Rinoka, ça les fera un peu rêver, les pauvres geeks ! 

 

Je me rendit ensuite auprès des dizaines de stands qui exposaient des goodies. J’en ai profité pour acheter quelques fanzines, c’est souvent plus difficile d’en acheter à d’autres moments. L’un d’eux était rempli de parodies coquines de Dragon Taisen… J’ai un peu honte, mais je l’ai acheté !

 

Soudain, une voix se fit entendre dans les haut-parleurs :

« Attention, attention ! Dans quelques minutes, Jo Mikamura sera présent pour dédicacer le dernier volume de Dragon Taisen ! Venez vite le rejoindre ! »

 

OtaKing, ta fin est proche ! Enfin quelque chose que tu n’auras pas !

 

Je suivis alors les dizaines de fan qui se dirigeait vers le lieu de la rencontre. Jouant des coudes et de sourires suaves, je parvins à me retrouver quinzième de la file d’attente. Dix minutes plus tard, le mangaka arriva. Tiens, je le croyais plus grand ! Il a à peine ma taille.

 

Plusieurs fans cosplayés patientaient dans la file. Le garçon me précédant était déguisé en Kojiro : une tenue de kendo bleue, ceinture blanche, et un loup noir sur le visage. De dos, son costume avait l’air très ressemblant ! On voyait qu’il avait été fait à la main, ce n’est pas un de ces accessoire que l’on peut acheter tout fait sur le net. Je trouve que ce genre de créations a tout de suite plus de charme, elles contiennent tout de suite un certain supplément d’âme qui fait la différence ! Je m’apprêtais à aborder le Kojiro en question quand je me rendis compte que l’on était juste devant l’auteur. Son interprète demanda au garçon à quel nom faire la dédicace. Il répondit :

 

« Je suis très connu sous mon pseudo sur Internet. Veuillez, s’il vous plait, dédicacer votre œuvre à OtaKing »

 

Ces mots me glacèrent le sang ! Mon rival se tenait juste devant moi et il m’avait devancé ! Je crus un instant que j’allais m’évanouir !

 

« Mikamura-sensei, veuillez excuser mon intervention », implorai-je, les main jointes sur mon front en signe de profond respect.

« OTAKING ! hurlai-je. Je suis OtaQueen ! C’est à moi que revient de droit la primeur de cette dédicace ! Je retournerai dans le passé et je la diffuserai sur le net avant toi ! »

 

Il se retourna, et je devinai que, derrière son masque, un regard consterné me fixait.

 

« Candice… C’est toi OtaQueen ?? » s’étonna le garçon, retirant son loup.

 

« Thomas !? Tu es… » balbutiai-je. Ma rage tomba d’un bloc. Mes joues se mirent à rougir de honte, mais mes lèvres ne pouvaient s’empêcher de sourire. Lui aussi était un peu gêné, mais ses yeux semblaient pétiller de bonheur. Mon rival virtuel était en fait mon prétendant réel. C’était complètement surréaliste : une vraie situation de manga !

 

« Candice, je crois que l’on a un hobby commun, non ? » murmura-t-il timidement… Je ne pouvais nier… Moi qui ne voulais pas m’encombrer d’un petit ami pour ne pas délaisser ma passion, je me retrouve avec une possibilité de combiner les deux !

Il m’expliqua alors qu’il lisait des manga depuis toujours, car son père travaillait pour un grand éditeur. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a souvent accès à des informations exclusives. Il n’y avait donc pas d’autre machine matérialisatrice… Je ne vous cache pas que je n’ai absolument pas relancé la discussion vers mon voyage dans le temps !

 

Jo Mikamura, semblant s’impatienter, se leva de sa chaise, et nous prenant par les épaules, nous suggéra, par l’intermédiaire de son traducteur :

 

« Et bien jeunes gens, il ne vous reste plus, OtaQueen et OtaKing, qu’à vous allier afin de régner ensemble sur le monde des otaku, non ? »

 

Oui, pourquoi pas… C’est vrai que Thomas est un garçon plutôt pas mal…

 

 

The End


ps : le tout est bien évidemment la propriété de Casual-Otaku, sous contrat Creative Commons (by, pas de sousous, = ).

Publié dans Otakeries

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